Auteurs du projet

FORSTER-PAYSAGE
Av. du Galicien 6
1008 Prilly

Esposito + Javet architectes
Rue des Terreaux 10
1003 Lausanne

Plans

Appréciation finale du collège d’experts

Le projet défend une vision de Palézieux à l’horizon 2050 basée sur une approche globale du vivant. Il propose une réactivation sur l’ensemble du site du sol agricole appauvri, pour atteindre un équilibre écosystémique. Du point de vue urbanistique et paysager, le parti du projet réside dans le fait « d’habiter un parc », canopée majeure dans le prolongement de la forêt existante, dans des bâtiments en forme de plots ou de croix dégageant de larges vues sur le Grand paysage.

L’enjeu et la force du projet résident donc dans sa stratégie de sol, qui doit permettre à la fois de limiter au maximum l’évacuation de volumes de terres, tout en réactivant les volumes conservés. Elle est déclinée, selon les phases de réalisation du quartier, en étapes de déblais, remblais et pré-paysagement. Près de 75% du volume des terres excavées est réutilisé sur place en proposant, ce qui peut paraître paradoxal, d’une part un principe de régénération de l’horizon C – selon des techniques expérimentées par le bureau dans d’autres projets – et, d’autre part, une valorisation de l’horizon A en l’exportant comme terre de revalorisation pour des pépinières, des jardins ou des surfaces agricoles. L’équipe va même jusqu’à proposer (et réaliser à compte d’auteur) la mise en place d’une plate-forme numérique d’échange/valorisation. La concentration des parkings souterrains en trois localisations, pour correspondre au phasage de réalisation, dans des situations proches des entrées du site, limite la pénétration des véhicules motorisés à l’intérieur du site et favorise l’usage des modes doux, en cohérence avec le concept global du projet. A l’intérieur de ce grand parc largement arboré, les sous-espaces (les trois places du quartier, les cheminements et les placettes des zones d’habitation) sont différenciés par les revêtements et les variations de densité de la canopée et d’essences.

Malgré son parti clair et engagé, ainsi que les efforts effectués pour convaincre de la faisabilité du concept de valorisation du sol, le projet reste trop inachevé. Étant donné le fait que la législation actuelle ne permet pas la mise en œuvre du processus décrit dans le projet (horizon C réactivé sur l’horizon B) et que le principe d’exportation de l’horizon A est sujet à discussion, la proposition de stratégie de sol du candidat nécessiterait encore un grand approfondissement pour en démontrer et assurer la mise en œuvre. La proposition d’infiltration d’une partie des eaux sur site n’est pas réaliste, du fait de la nature des couches profondes du terrain, comme indiqué dans les documents fournis par les spécialistes aux candidats. Du point de vue urbanistique et paysager, malgré quelques variations morphologiques proposées sur le bâti, l’accompagnement des espaces plus publics par des milieux bocagers, des variations de matérialités, de traitement de sol ou de densité de la canopée, le projet tend à une certaine uniformisation du site et une anonymisation de ses sous-espaces, en témoigne par exemple le dessin très similaire des places de la Sauge, des Biolets et du Gros-Bois.

Le projet respecte globalement bien le Plan d’Affection. Quelques licences sont prises vis-à-vis des exigences de la zone de verdure ainsi que des aires, des longueurs et des distances entre les surfaces de stationnement. Concernant la végétalisation, certaines espèces non-indigènes sont proposées, mais justifiées sous l’angle de la résilience climatique. Les aspects de mutualisation de la mobilité (PubliBike, Mobility CarSharing) n’ont pas été abordés, de même que la problématique de l’éclairage à l’intérieur du site, importante en relation avec la biodiversité et le vivant. Pour ce qui est des surfaces bâties, la proposition surexploite globalement les périmètres (environ +8’000 m2), à l’exception d’une zone dans le périmètre M6 affectée à des besoins publics (sous-exploitation d’environ 2’500 m2) et ne respecte pas les pourcentages d’attique. L’étapage n’est pas complètement respecté, la zone M3 étant planifiée en deuxième étape plutôt qu’en troisième.

Malgré la force de son parti pris et de sa revendication de responsabilité sociale et environnementale que le jury reconnaît à sa juste valeur, la proposition du candidat n’a pas démontré sa capacité à être formalisée dans un projet urbanistique et paysager à la hauteur de ses valeurs.